Bulletin n° 101 :
20 ans après, et en guise de "clin d'oeil en dernier hommage à un pilier de notre école", Sabine Metzlé revient sur l'article de Claudy Jeanmougin, intitulé "Pourquoi je n'enseigne pas le Neigong" (Bulletin n°36, page 20), et prolonge celui de Jean-Paul Bonhuil (Bulletin n°99, Feuillets du Collège).
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Dans ma conférence du 4/11/2023 pour la FAEMC, j'ai fait une critique très sévère de ce texte mais anonyme afin que cette critique ne devienne pas un conflit de personnes d'autant plus que je ne pense pas connaître (?) Jean-Paul Bonhuil. C'est un texte bourré de stéréotypes et de préjugés, en particulier en ce qui concerne l'amalgame "art interne-neigong". Il reprend en creux les définitions éculées de l'art interne sans les discuter et nous renvoie donc en filigrane au complexe de supériorité de ses propagandistes envers les arts dits externes qui ne sont pas explicitement mentionnés ni définis. Affirmer par exemple qu'on se tient droit quand on pratique un art interne, c'est implicitement suggérer que ce n'est pas le cas pour les arts externes. Très très contestable...
Quant aux comparaisons entre une Chine proche de la nature, quasi naturelle par essence (amalgamée arbitrairement au taoïsme fourre-tout comme trop souvent) et un Occident qui n'aurait rien compris (voir "les philosophes grecs qui expliquent tout et leur contraire"), il suffit de lire quelques solides ouvrages sinologiques comme ceux de Jean-François Billeter et Jean Levi pour constater qu'on n'est toujours pas sorti des débats philosophiques en France du 18ème siècle à propos de la Chine. Voltaire avait au moins l'excuse de la rareté des informations et de la forte orientation religieuse jésuite de celles-ci; ce n'est plus le cas au 21ème siècle. 2 réflexions à bien machouiller pour ceux et celles qui rêvent debout d'une Chine proche de la nature:
-Un proverbe populaire chinois: ren ding sheng tian; littéralement 'l'être humain- commande/fixe/détermine-vainc-le ciel soit L'homme peut triompher de la nature...Nos taoïstes en herbe en perdent leur bonnet!
-la Chine, comme beaucoup de civilisations y compris la nôtre, est une prédatrice particulièrement féroce de la nature en particulier pour les animaux sauvages par exemple et ce pour deux raisons bien connues: la médecine chinoise traditionnelle et la masculinité de ces messieurs (consommation entre autres de sexes d'animaux sauvages en tout genre)
Je n'ai pas souvenir de l'article de Claudy qui aurait motivé cette réponse aussi ne m'y suis-je pas référé.
Que l'on ne s'y trompe pas, il m'importe peu qu'on enseigne ou non le neigong dans notre style de TJQ tant qu'on ne vienne pas raconter que ce neigong est incontournable pour pratiquer correctement notre style de TJQ. L'article incriminé ne me semble pas aller explicitement dans cette direction; je ne le critique donc pas sur cet aspect qui a, pour l'anecdote, créé des divisions dans la communauté du YJMTJQ à Taïwan.
Cordialement. Serge Dreyer, Taïwan